samedi 19 janvier 2008

L'«opinionnite»

Il y en a partout, sur toutes les tribunes. Des chroniqueurs à la pelle qui chroniquent sur tout et sur rien. Il y en a même qui chroniquent sur les chroniques. Comme moi en ce moment…
C'est la même chose avec les blogues. Les blogueurs pullulent. Dans tous les domaines, il y a des blogueurs qui donnent leur opinion. Sur tout et sur rien. Le règne de l'opinion l'a emporté sur celui de l'information.
Dans les quotidiens, c'est pareil. Combien y a-t-il de chroniqueurs à La Presse, au Journal de Montréal et au Devoir? Des dizaines, sans compter les pages forum et opinion. Tout le monde a son mot à dire. Les quinze minutes de gloire de Warhol se sont transformées en quinze lignes d'impressions.
En plus, il y a surenchère. Les opinions doivent être tranchées pour se démarquer. Trop de nuances nuisent à la diffusion et à la compréhension du message. Les professionnels de l'« opinionite » le savent et ils utilisent tous les trucs de leur métier de journaliste afin de trouver un créneau qui les caractérise. Leurs propos et leur style les rendent célèbres. Pas besoin d'être un expert dans un domaine pour semer à tout vent son fiel ou son humeur.
Platon, qui condamnait l'opinion, entre autres choses (et l'écriture, car il n'était pas à une contradiction près…), au profit du savoir et du discours de la raison, aurait mal au cœur aujourd'hui devant cette avalanche d'opinions. Comment se forger une idée cohérente, solide et personnelle sur les événements, si l'on nage dans les préjugés et le prémâché et si l'information sérieuse, scientifiquement vérifiable, est ensevelie sous une tonne d'opinions?
Je m'arrête sur ce questionnement, car je patauge moi-même en pleine contradiction en critiquant les faiseurs de leçons… Non?

1 commentaire:

Renart Léveillé a dit…

Je me sens bien interpelé par ce texte, étant moi-même bien sûr un « opinionneux ». Par contre, je suis totalement antiplatonicien puisque je crois qu'une meilleure société passerait par un dialogue encore plus élargi qu'en ce moment.

Pourquoi l'opinion devrait-elle être l'apanage des médias corporatif, surtout si le nombre de chroniqueurs pullule? La blogosphère est un bon contrepoids et une preuve tangible que le citoyen peut au moins faire acte de présence dans les débats (ou du moins consulter une multitude de points de vue, pour ceux qui ne sont pas à l'aise avec l'écriture). Et puis il y a un avantage à échanger par l'écrit : la distance sert de filet contre la violence.

Je vois le web comme la nouvelle Agora et le cerveau collectif, rien de moins. Et c'est pour ça que je me suis remis à l'étude de la philosophie en autodidacte. Justement, pour pouvoir mieux analyser les informations qui m'arrivent de tout bord tout côté.