vendredi 30 novembre 2007

Le secteur régulier : l'enfant pauvre de l'éducation

Peut-on encore envoyer nos enfants dans les classes régulières du système d’enseignement public? Non. C’est étonnamment la directrice des classes régulières des niveaux secondaires un et deux d’une école publique de banlieue qui fournit indirectement la réponse à cette question.

« Vous savez, monsieur, que nous sommes obligés de garder les élèves turbulents en classe, même s’ils dérangent tout le monde et perturbent l’apprentissage de ceux qui écoutent et veulent apprendre. Au privé, ils seraient mis à la porte, tout simplement. Mais nous, la loi nous oblige à garder tous les jeunes de la ville en bas de 16 ans dans les classes, et à l’enseignement régulier, à moins qu’ils aient des troubles du comportement particulièrement graves. Pour son bien, vous devriez envoyer votre enfant dans une école privée… »

Étonnant, non? Elle a ajouté que les étudiants doués allaient soit dans les classes du volet international, soit dans les groupes enrichis, soit dans la voie Sport-Études ou soit dans les écoles privées. Les groupes du régulier de l’enseignement public reçoivent ceux qui ne peuvent pas aller ailleurs. C’est presque un dépotoir, laissait-elle entendre.

Quoi? Le secteur régulier de l’enseignement public n’est pas recommandable pour ceux qui veulent réussir? Pour favoriser la réussite scolaire de son enfant, on devrait nécessairement l’envoyer dans une école privée ou dans un programme enrichi? Ne paie-t-on pas des taxes scolaires principalement pour l’enseignement public régulier? L’éducation passe-t-elle désormais seulement par le privé ou les cheminements particuliers?

Il y a là une aberration. Le secteur régulier de l’enseignement public serait à éviter pour ceux et celles qui veulent réussir. Et en effet, tout ce que les responsables de ce secteur arrivent à faire, c’est de contenir en partie les débordements des élèves agités. Rien pour ceux et celles qui veulent apprendre calmement. Tristesse de l'école à trois vitesses…

mercredi 28 novembre 2007

Toujours dire la vérité

Je ne connais personne qui dit toujours la vérité. À part ma blonde avec qui je suis depuis 30 ans. Cela lui cause souvent du tort, car elle devrait mentir juste un petit peu parfois pour adoucir la vérité. La plupart des gens ne veulent pas savoir la vérité, mais seulement entrevoir l'apparence de la vérité, qui est seule socialement acceptable.

Voici qu'un billet de Richard Hétu pose véritablement le problème de la vérité dans la vie quotidienne. C'est stupéfiant, même si l'on se doute bien que la vérité est en deçà de la nouvelle. Vous me suivez? Quoi qu'il en soit, l'auteur de l'étude affirme être une exception en disant tout le temps la vérité. À part ma compagne, je ne connais que Jacques Lacan pour dire toujours la vérité. Moi, je mens...

mardi 27 novembre 2007

La tolérance de l'intolérance

Cachez ce visage que je ne saurais voir!

La tolérance serait-elle un aussi grand mal que l’intolérance? et la liberté de conscience est-elle un fléau aussi barbare que les bûchers de l’inquisition? — Voltaire

Que diriez-vous à quelqu’un qui affirmerait qu’il doit vous trancher la gorge pour atteindre son paradis? C’est en paraphrasant Voltaire qu’on prend la mesure des limites à la liberté de religion. Bien sûr, il s’agit là d’une exagération, mais elle a le mérite de mettre en perspective l’impossibilité logique d’accepter l’intolérance au nom de la tolérance.

Permettrait-on toutes les pratiques religieuses qui briment certains droits fondamentaux de la société québécoise et canadienne au nom de la liberté religieuse? Jusqu’où va aller la tolérance de coutumes qui violent des règles fondamentales de notre société égalitaire de droits et libertés?

Le port du turban sikh dans la Gendarmerie royale du Canada, le port du voile islamique à l’école, le port du couteau sacré dans les écoles, la demande de locaux de prière dans les endroits publics, la requête de tribunaux religieux, la polygamie, etc., toutes ces manifestations religieuses publiques heurtent de plein fouet les valeurs d’égalité et les normes à la base même de la société canadienne de droits; valeurs qui devraient être justement véhiculées par les institutions publiques.

Alors, que faire? Accepter les accommodements raisonnables qui se multiplient au nom de la paix sociale et de la tolérance? De ce fait, supporter tacitement des coutumes et des pratiques qui nient les valeurs de base de la société égalitaire de droit?

Tant que ces accommodements raisonnables seront limités et définis dans le temps et l’espace par la Commission des droits de la personne et les tribunaux, au cas par cas, le problème logique de la tolérance de l’intolérance sera circonscrit et viable. Mais si la société se transforme suffisamment et que le nombre de demandes augmente sans cesse, on sera alors confronté à un dilemme : soit on soutient la laïcisation de toutes les institutions publiques au nom des valeurs de base de la société égalitaire de droit, soit on autorise de plus en plus les dérogations de toute sorte à des règles universelles et l’on aboutit à soutenir les inégalités et l’intolérance au nom de la tolérance…

lundi 19 novembre 2007

Le jeu des souvenirs alimentaires

Lorsque je mange des radis, je pense à Roquentin de Jean-Paul Sartre. Lorsque j’ingurgite des œufs et du bacon, je me souviens de Henry Miller. Lorsque je déguste des Madeleines, je me remémore vous savez qui…

Mais lorsque je prépare des grilled cheese, je remonte le temps et je me souviens d’un souper mémorable avec les membres du journal étudiant Continuum dans un sous-sol de la rue Édouard-Montpetit de Montréal. Michel Marois, actuellement directeur des cahiers spéciaux à La Presse, cuisinait les grilled cheese en faisant frire des oignons et des champignons dans son unique poêle, avant d’insérer le tout, avec du fromage, entre deux tranches de pain. Pour toujours, les grilled cheese sont ainsi associés dans ma mémoire à une personne et à un événement.

C’est la même chose lorsque je touille une salade niçoise, je pense alors à Marcel Jean qui m’avait fait découvrir ce met succulent et simple à la fois. Le porto est associé à un ancien propriétaire portugais qui en fabriquait et en buvait en mangeant des pistaches. Ainsi de suite pour un ensemble de plats et de nourritures terrestres.

Proust avait raison sur ce point : les sensations restent associées à des événements ou à des personnes à travers le temps qui ne s’évanouit pas. Avez-vous vous aussi des souvenirs culinaires qui vous font revivre dans le présent ce « passé qui ne passe pas », comme l’affirmait Faulkner?

samedi 17 novembre 2007

Le culte du mensonge

Dans les publicités, on soutient qu’il faut paraître vingt ans de moins que son âge pour être beau ou belle et bien dans sa peau. On « utilise » de jeunes filles de 20 ans à peine qu’on maquille pour qu’elles paraissent plus âgées. De la sorte, on projette l’image qu’une femme de 40 ans peut facilement ressembler à une jeune fille en fleur.

Crème qui enlève les rides, repousse de cheveux artificiels, implant mammaire, botox, chirurgie plastique pour le nez, les fesses, les mollets, etc. Toutes les parties du corps humain deviennent ainsi des objets « modelables » au gré du modèle idéal qui, du reste, n’existe pas en lui-même, car il est aussi trafiqué. Le modèle qu’on aperçoit dans les journaux, les magazines, les affiches, les films, les publicités télévisées, bref partout, est presque toujours une fabrication d’images remodelées à l’ordinateur.

C’est le mensonge de l’image. Mais il y a pire : le mensonge au quotidien. Prenez une déclaration de revenus, ce bout de papier qui nous lie à l’État et aux autres membres de la société. Eh bien, on nous abreuve partout des manières de déjouer le système pour faire des économies ou même carrément ne jamais payer un sou à l’État! Comme dirait un célébrissime journaliste de La Presse : fourrez le système et contrecrissez-vous des autres, surtout des plus démunis!

Les politiciens, les vendeurs d’automobiles ou de produits, les parents, les jeunes et les moins jeunes, tout le monde ment sur son âge, sur sa santé, sur son état d’esprit, sur ce qu’elle pense des autres, sur sa propre vie et ses rêves.

Et en plus de mentir continuellement, on conduit en bafouant les lois et en se mentant à soi-même. Presque personne ne respecte les limites de vitesse, ni ne met ses clignotants, ni ne fait ses angles morts, ni ne respecte les panneaux de signalisation, ni ne cède le passage, etc. Tout cela en mettant sa vie et celle des autres en péril!

Heureusement, il y a la télévision, le cinéma, le théâtre et la littérature pour nous ramener à l’essentiel : aux vérités de l’humaine condition. Ça nous distrait du vrai mensonge de la vie quotidienne…

vendredi 16 novembre 2007

Les fautes ne comptent pas!

« Est-ce que les fautes d’orthographe comptent? » Combien de fois ai-je entendu des élèves me poser cette question d’un air candide quand ils répondent à un exercice ou à un examen? Et chaque fois que la réponse confirme leur pire appréhension, leur candeur fait place à de la résignation presque fâchée.

C’est comme si le code orthographique n’avait d’importance que dans les cours de français. En dehors, dans le « vrai monde », la langue de Molière (ou de Tremblay?) est approximative et personne ne s’en offusque. Que ce soit à la radio, à la télévision, à travers les chansons, sur Internet et même quelquefois dans les journaux, le français est souvent galvaudé, rarement châtié. Alors quoi? Pourquoi les professeurs d’autres disciplines devraient-ils faire respecter les règles du code orthographique alors qu’ils ont amplement d’autre matière à transmettre?

On a beau multiplier les interventions de l’État afin de valoriser la qualité du français à l’école, les élèves ont retenu un message inverse une fois rendus au collégial : c’est seulement dans les cours de français, en vue de l’Épreuve uniforme du ministère, que la qualité du français écrit a de l’importance. Pour le reste, on peut faire ce que l’on veut, pourvu qu’on se fasse comprendre, comme lorsqu’on clavarde avec des amis.

À qui la faute alors? Faut-il écrire sans fautes ou sans faute s’exprimer? Comment corriger le tir? Le faut-il?

Par ailleurs, pourquoi le français est-il ainsi associé à la contrainte, à l’épreuve, à l’effort, à l’obligation, tandis que l’anglais est associé aux plaisirs cinématographiques, aux plaisirs musicaux, aux plaisirs ludiques informatisés, aux plaisirs des voyages, etc.?

Doit-on continuer de promouvoir la qualité du français à l’école seulement, et dans les cours de français en particulier? Ou faudrait-il davantage associer la qualité du français au plaisir de lire, d’écrire et de parler dans la société?

En fait, la qualité du français écrit et parlé est-elle une préoccupation strictement scolaire? En faire une question essentiellement pédagogique, n’est-ce pas réduire la dimension du problème, si problème il y a?

Si le français est bafoué à la radio, à la télévision, dans les journaux, dans les revues, à travers les chansons, sur Internet, etc., bref partout dans l’environnement réel dans lequel évoluent les jeunes, comment leur faire comprendre l’importance du bon usage de leur langue?

Si d’aventure leurs propres parents pratiquent une langue approximative, comment leur inculquer le désir de s’exprimer correctement?

On pourra bien écrire des tonnes d’Insolences et de textes d’opinion, on pourra entreprendre toutes les campagnes de promotion et de valorisation de la langue, on pourra changer pour une ixième fois les méthodes d’enseignement, rien n’y fera. Ce sera de l’énergie gaspillée afin de se donner bonne conscience.

Faut-il alors baisser les bras devant l’inéluctable? Ou au contraire, doit-on continuer cette lutte pour le maintien de la qualité de la langue française justement parce que la tendance générale va vers son appauvrissement? Encore faudrait-il prendre conscience qu’on lutte tels des Don Quichotte contre des moulins à vent si l'on se contente des mesures éculées des renforcements strictement pédagogiques.

La bataille pour la qualité de l’expression française se situe dans la rue, sur la voix publique, entre les mains des jeunes qui se promènent avec leurs baladeurs numériques sur les oreilles, qui écoutent de la musique, qui regardent la télévision, qui surfent sur Internet, bref qui sont reliés au monde par divers moyens de communication qui échappent aux institutions.

Cantonner la promotion du français écrit et parlé à l’école seulement, c’est creuser un gouffre entre le quotidien des jeunes et une institution de plus en plus obsolète. Souhaitons que le français fasse un peu l’école buissonnière au lieu de devenir lettres mortes.

mardi 13 novembre 2007

L'américanisation de la culture

En ouvrant Windows Live Hotmail ce matin, comme tous les matins, j'ai immédiatement en pleine face des nouvelles des vedettes américaines : opération chez les Jolie-Pitt; arrestation du rappeur Trick Daddy; retour à l'école pour Shakira; etc. Les jeux vidéo sont américains, les films distribués ici sont également majoritairement américains et on les écoute en anglais même dans les institutions scolaires maintenant. Les émissions de télévision américaines ont la cote de plus en plus et on les écoute en DVD dans la langue de Shakespeare, c'est tellement meilleur qu'en traduction... Les jouets, Barbie et figurines en plastique de superhéros, sont également américains. Les chansons écoutées par les jeunes sont en très grandes parties américaines. Somme toute, la culture québécoise est américaine et de plus en plus on dit qu'il faut l'apprivoiser dans sa langue d'origine pour la goûter pleinement. Même la littérature populaire (les best-sellers) est majoritairement américaine.
Alors quoi? Baignant ainsi dans la culture américaine, submergé par la diffusion industrielle de la culture états-unienne, on résiste? Mais comment? On exporte notre culture en l'« amécanérisant », comme Céline Dion ou le Cirque du Soleil qui n'ont plus de québécois que le nom? On se replie, on se coupe du monde pour se protéger? Pas facile de vivre dans un monde ouvert à l'autre. Ou alors, on fait la promotion de la culture québécoise en sachant que les moyens sont contre nous, car dès l'enfance on baigne dans la culture Walt Disney. Ou on dénonce, comme je le fais ce matin, en soulignant que notre boîte de réception est contaminée par l'omniprésence américaine malgré nous.

dimanche 11 novembre 2007

Pauvres gars!

Les garçons éprouvent des difficultés d’apprentissage dès le primaire et cela se perpétue tout au long du parcours scolaire. Les retards scolaires, les redoublements, les échecs, les abandons et le décrochage frappent davantage les garçons que les filles, et ce, à tous les niveaux de la scolarisation.

Depuis plusieurs années, on observe et on étudie le problème partout dans le monde. De nombreuses tentatives d’explication et des pistes de solution ont été proposées. Ici et là, des projets expérimentaux ont donné des résultats sur des petits groupes d’élèves. Toutefois, le phénomène global de l’échec des garçons dans le système scolaire reste entier.

Récemment, des études provenant de différents pays explorent un aspect inusité de l’origine des difficultés scolaires des garçons : leurs prédispositions biologiques d’apprentissage. Quelques résultats étonnants convergent vers un même constat : l’acquisition du langage et de la motricité fine se développe plus lentement chez les garçons.

Outre les considérations sociologiques et psychologiques, la structure biologique du cerveau aurait un rôle à jouer majeur dans l’acquisition des premières compétences langagières. Dans ce domaine, les garçons seraient en général désavantagés biologiquement. La maturation de leur cerveau prendrait plus de temps en ce qui a trait au développement de certaines habiletés langagières et de psychomotricité fine.

Les conséquences de ces découvertes récentes, qui se confirment de plus en plus, auront des répercussions majeures sur l’enseignement. On comprend mieux maintenant pourquoi les garçons ont plus de difficultés à écrire correctement dès leur plus jeune âge. Il faudrait alors modifier en profondeur l’approche du système scolaire pour l’adapter à la différenciation biologique dans certaines matières. Il faudrait favoriser d’autres approches de l’enseignement que celui basé sur un modèle unique indifférencié. Il faudrait surtout qu’on soit plus stratégique dans la manière d’aborder l’enseignement de la langue auprès des garçons.

En fait, ce que ces découvertes sur le sexe du cerveau et ses capacités d’apprentissage vont permettre de réaliser, c’est que d’une manière générale on pourrait tenir compte du développement de la maturation biologique dans la façon de concevoir les programmes d’étude pour permettre une plus grande souplesse d’enseignement.

Ainsi serait révolu le temps où on pénalisait systématiquement tous les élèves qui avaient des difficultés d’apprentissage de la langue dès leur entrée dans le système scolaire; ces élèves qui étaient stigmatisés dès leurs premiers contacts avec l’école parce qu’ils n’étaient tout simplement pas biologiquement au même niveau que les autres; ces élèves qui traînaient tout au long de leur parcours ce handicap de l’échec et qui, pour se protéger et se valoriser, rejetaient le monde scolaire.

On comprend aisément que tenir compte des facteurs socio-économiques, psychologiques et maintenant biologiques demandera des efforts inouïs au système d’enseignement et que les nostalgiques du bon vieux temps du par cœur et de la répression, où tout était si simple, auront des haut-le-cœur.

Cependant, pour endiguer les problèmes d’apprentissage qui affectent une grande partie de la population (surtout les garçons, mais aussi des filles), dans un monde où l’éducation sera la matière première de l’économie de demain, les efforts ne seront pas vains.

mardi 6 novembre 2007

Enseigner la philo et la littérature

Réplique aux textes sur l'enseignement de la littérature et de la philosophie au collégial

Bonjour M. Cornellier,

D'abord, félicitations pour votre livre, Lettre à mes collègues sur l'enseignement de la littérature et de la philosophie au collégial (Nota Bene, 2006), qui lance un débat intéressant. Permettez-moi d'emprunter une perspective divergente de celles utilisées jusqu'à maintenant lorsqu'on aborde la question de l'enseignement de la littérature et de la philosophie. Pour moi, ces deux disciplines ne sont pas différentes des autres matières. J'ai eu des professeurs aussi intéressants en mathématiques et en physique qu'en philosophie et en littérature. J'ai également eu des professeurs inintéressants qui rendaient les cours rébarbatifs dans toutes les disciplines malgré l'engouement des élèves pour la matière.

Maintenant, voici comment j'envisage personnellement l'enseignement de la littérature et de la philosophie. J'ai toujours cru au dynamisme dans l'art de transmettre des connaissances. Pour expliquer une matière, il faut savoir enseigner pour ses élèves. Il faut savoir attirer leur attention, les maintenir dans un état d'écoute et de participation jusqu'à la fin des cours. Plusieurs méthodes permettent d'atteindre ce résultat, dans toutes les disciplines : étonner, donner des exemples connus, raconter des histoires, créer des débats, raconter des blagues, actualiser le contenu, utiliser le jeu, favoriser les échanges, utiliser divers outils pédagogiques, développer la créativité, ne pas hésiter à avoir recours au cinéma, au théâtre et à la musique, bref varier le plus possible les activités d'apprentissage. Toutes les méthodes pédagogiques sont bonnes pourvu qu'elles soient appropriées à la matière enseignée et aux capacités des élèves.

Au collégial, la plupart des élèves âgés de 16 à 19 ans ne lisent jamais autrement qu'à l'école. Il y a des exceptions, mais un professeur s'adresse d'abord et avant tout à la majorité de ses élèves. Au départ, pour remplir sa fonction d'enseignant, il doit viser la réussite de tous les élèves à qui il enseigne. C'est dans la définition même de sa tâche de favoriser l'apprentissage de tous les étudiants qu'il aura sous sa gouverne.

Le seul problème réel dans l'enseignement de la philosophie et de la littérature réside, d'après moi, dans l'idéalisation de la matière enseignée par certains professeurs du collégial qui se prennent quelquefois pour des enseignants universitaires. L'enseignement collégial étant défini comme niveau supérieur, les élèves devraient prendre conscience du degré d'enseignement dans lequel ils s'inscrivent en accédant au collégial, affirment-ils, et ils devraient fournir les efforts nécessaires sans besoin de stimulations. Les professeurs de cégep qui soutiennent cet argument du rang supérieur de l'enseignement collégial se cachent souvent derrière ce paravent pour ne pas avoir à fournir eux-mêmes d'efforts afin de rendre leurs cours intéressants.

Certains enseignants de cégep de philosophie et de littérature prétendent aussi que leur matière recèle en elle-même des vertus pédagogiques qui justifient un enseignement sclérosé. La philosophie et la littérature seraient par elles-mêmes formatrices. Pas besoin d'ajouter des éléments de méthodes pédagogiques qui vont divertir du contenu « ontologiquement » essentiel des matières enseignées.

Toutefois, les professeurs de cégep qui adoptent ces arguments fallacieux ne sont pas légion. Ils enseignent à une minorité; aux élèves les plus doués qui n'ont pas réellement besoin de professeurs pour les stimuler à apprendre. Ils se justifient des hauts taux d'abandons et d'échecs dans leurs cours par des discours abscons sur la pertinence de leur matière et son caractère indispensable et formateur pour le citoyen. Ainsi nimbés d'une nécessité presque sacrée, ces professeurs de philosophie et de littérature deviennent des prêcheurs intouchables.

Cependant, la majorité des professeurs du collégial prennent leur rôle de pédagogues au sérieux et cherchent par tous les moyens à rendre leurs cours captivants même quand leurs disciplines ne sont pas dans l'air du temps. Et ils y parviennent la plupart du temps. Heureusement!

lundi 5 novembre 2007

Les femmes maltraitées (encore!)

Wow, c'est un choc, ce matin en lisant La Presse. Selon Statistiques Canada, quatre femmes sur cinq sont victimes d'une quelconque forme d'agression en milieu universitaire. Si mon calcul est bon, cela fait 80 % des femmes victimes d'agressions dans les universités canadiennes! Et comme si cela n'était pas assez catastrophique, dans un milieu où l'on aurait pu penser qu'il y avait moins de violence envers les femmes, on note aussi que 60 % des étudiants mâles « affirment qu'ils n'hésiteraient pas à commettre une agression sexuelle s'ils étaient assurés de ne pas être pris en défaut ». Quand on sait que les universités canadiennes et québécoises sont de plus en plus fréquentées par les femmes en très forte majorité de la population étudiante, on peut se demander ce que ces chiffres vont avoir comme impact.
Cette nouvelle est désolante à plusieurs égards. D'abord, il faut dénoncer toute forme d'agression sur n'importe qui, les femmes aussi bien que les hommes. Ensuite, le milieu universitaire ne semble pas échapper au phénomène de la violence faite aux femmes. À Montréal, la violence à l'égard des femmes a déjà été signalée dans ma chronique du 23 mai. Finalement, la nouvelle ne semble pas faire les manchettes, elle est reléguée dans les pages intérieures du journal, comme pour la cacher.
À quand une véritable étude ou un colloque sur ce phénomène de la violence faite aux femmes dans tous les milieux (travail, études, familles, etc.)?

dimanche 4 novembre 2007

Les femmes maltraitées

Deux nouvelles sont passées presque inaperçues dernièrement, mais elles méritent qu'on s'y attarde quelque peu. D'abord, une jeune femme de 17 ans s'est fait lapider à mort dans le nord de l'Irak devant une foule d'une centaine de personnes. Les forces de l'ordre assistaient à la scène. Il y a même des spectateurs qui ont filmé le tout sur leur cellulaire et qui ont diffusé cette scène horrible sur Internet. Un seul homme s'est avancé vers la victime agonisante sous les pierres et lui a déposé un manteau sur ses jambes dénudées, car cela était trop indécent pour les personnes qui assistaient à cette exécution. On ne peut pas voir les jambes d'une femme, mais on peut la lapider et filmer son exécution bestiale et la voir agoniser dans le sang sans problèmes.
Par ailleurs, ici à Montréal, la police a rendu public son rapport annuel la semaine dernière. Il y aurait eu près de 1700 agressions sexuelles en 2006 sur le territoire de la Communauté urbaine de Montréal seulement. Quand on sait que la plupart des agressions sexuelles ne sont pas dénoncées à la police, on peut penser que le nombre d'agressions sexuelles à Montréal est au moins le double de ce que dévoile la police. En restant prudent et en prenant les chiffres officiels, on arrive tout de même à cinq agressions sexuelles par jour à Montréal en 2006. Est-ce normal?
Partout sur la planète la domination physique des hommes sur les femmes se manifeste de différentes manières. Ici, c'est surtout à travers les agressions sexuelles qu'on le constate, dans les pays où les intégristes ont pris le contrôle de la population, c'est à travers des gestes comme les lapidations que cela se révèle.
Pour les femmes, la lutte pour l'égalité ne sera jamais terminée, car trop d'hommes continuent de vouloir dominer leur semblable par la force physique. Le chemin de la raison triomphante sur la violence physique et psychologique est encore parsemé d'embuches.

vendredi 2 novembre 2007

Les dents plus blanches

Avez-vous vu les publicités ou les reportages sur la folie du moment qui pourrait bien devenir une nouvelle norme : les dents blanches immaculées? C'est le triomphe du sourire Crest qui est en passe de devenir une norme. Les dentifrices blanchissent les dents. Des traitements de blanchiment des dents deviennent de plus en plus populaires. À tel point qu'une personne normale avec des dents saines, mais ternies, se sent de plus en plus anormale. Ce n'est plus seulement les traitements dentaires esthétiques d'alignement des dents qu'on fait avaler de force à la population, mais la blancheur des dents. Avant, les gens avaient une dentition saine, mais souvent imparfaite. Maintenant que les dentistes ont imposé l'idée que tout le monde devait avoir de dents identiques, droites, bien alignées, etc., ils en viennent à nous suggérer que la blancheur est synonyme de réussite. Quelqu'un qui a des dents saines, bien entretenues, mais ternies, va devenir une personne qu'on va regarder comme si elle ne prenait pas soin d'elle-même. Encore une fois, la tyrannie du look, de l'esthétisme au service du mercantilisme, prend le dessus sur le bon sens. Nos dents ne seront jamais assez blanches. Il faudra aller chez le dentiste non plus seulement pour les examens et les réparations et les traitements, mais aussi pour maintenir ses dents blanches immaculées. Les dentistes ont compris comment fonctionne le marché. On crée un besoin en proposant un modèle que tout le monde suit. Ceux qui résistent finissent par se sentir exclus ou pires, se font réellement exclure par la tyrannie du groupe.