jeudi 20 décembre 2007

Dove salit l'estime de soi des femmes

La compagnie de savon Dove réalise une vaste campagne de publicité axée (remarquez le mot) sur la valorisation du corps naturel des femmes : Programme d'estime de soi ou Initiative vraie beauté. Que de bons sentiments... Le fabricant a même poussé l'audace jusqu'à créer un fonds consacré à la revalorisation de l'estime de soi des femmes : Le Fonds d'estime de soi Dove. On a vu à la télévision une série de publicités avec des femmes rondelettes, une autre avec une jeune fille bombardée d'images stéréotypées, une autre encore montrant comment on pouvait transformer le corps d’une femme normale pour la transfigurer en mannequin.
Voici que l'on apprend que la compagnie fabriquant le savon Dove, Unilever, est la même que celle qui met sur le marché l’antisudorifique Axe for men, celui-là même qui propose des images pour le moins stéréotypées des femmes dans ses publicités. Osez écouter le vidéoclip jusqu'à la fin, si vous êtes capable...
Mettez côte à côte les campagnes de publicité de Dove, qui donnent bonne conscience au fabricant, et celle d’Axe for men et vous comprendrez qu’il n’y a qu’un seul réel message sous de faux dehors d’œuvre humanitaire : achetez!
Dove ne lave pas plus blanc, mais nettoie la mauvaise conscience du fabricant Unilever.

vendredi 14 décembre 2007

La vie, la vie : Facebook

Tout le monde en parle, semble-t-il. Le phénomène Facebook est sur toutes les lèvres, ou plutôt sur tous les écrans. Ce site de réseautage prend une ampleur incommensurable. Des personnes sont contaminées et ruinent leur vie à enrichir leur espace personnel en grossissant leur nombre d'amis virtuels.

Il n'y a là rien de nouveau sous le soleil, encore une fois. Facebook reprend plusieurs aspects d'autres logiciels ou espace web public : site de rencontres, lieu interactif, liens entre internautes, plateforme d'échanges de toutes sortes, etc. Le génie du concepteur de Facebook, c'est d'avoir réuni tous ces éléments épars et de les avoir regroupés en un seul endroit.

Maintenant, la vraie question que tout le monde pose est celle-ci : vie réelle ou vie virtuelle, sous-entendu vraie vie ou vie par procuration? Faux dilemme, affirment les adeptes de ces pages personnalisées, car lorsqu'on consulte sa page personnelle et qu'on échange des informations avec des amis, on est dans la vraie vie aussi, même si cela prend un ordinateur comme intermédiaire entre les êtres humains. Dépendance, illusions, amitiés aseptisées rétorquent les opposants de cette tendance sociale de fond qui consiste à sacrifier ses temps libres au profit de ses relations Internet.

On pourrait épiloguer longtemps sur cette opposition entre les amants de Facebook et les adversaires. Mais comme toute invention ou avancée technologique comporte sa large part d'incompréhension et de confusion, il serait peut-être plus sage d'attendre le développement de ce phénomène avant de porter un jugement. D'ailleurs, pourquoi porter un jugement sur Facebook? Pour être à la mode? Pour suivre le défilé quand on y est ou quand on n’y est pas? C’est ce que je fais avec ce billet, non?

dimanche 9 décembre 2007

Le retour de la femme-objet

Lorsque je consulte mes courriels sur Hotmail, je ne peux pas ne pas voir la poitrine généreusement exhibée d'une belle blonde plantureuse en haut de la page. Elle reste ainsi offerte dans toute sa splendeur tant que je consulte mes courriels. C'est un peu agressant et dérangeant à la fin, cette publicité d'une agence de rencontre.
Je ne veux pas jouer à la vierge offensée, mais ce qui m'agace le plus dans cette intrusion inopinée, c'est qu'elle ne semble offusquer personne. Aucun groupe de pression ne se manifeste pour protester contre cette exploitation du corps de la femme à des fins commerciales. C'est devenu monnaie courante. Regardez la quatrième de couverture de la revue Châtelaine en kiosque actuellement pour vous en convaincre. On veut attirer l'attention, on expose une belle jeune femme presque nue sur les affiches en bordure des autoroutes. On veut vendre une voiture, on étale une adorable grande fille, en robe longue fendue jusqu'en haut de la hanche, sur le capot de la bagnole.
Dans les années 70, les féministes avaient réussi à dénoncer la dégradation de l'image de la femme quand on exploitait aussi bassement les attraits sexuels du corps féminin. Les publicistes se retenaient. On assiste actuellement au retour du refoulé, la femme-objet devient un cliché qui s'épingle automatiquement aussitôt qu'on ouvre son ordinateur pour consulter son courrier.
Quelle époque!

lundi 3 décembre 2007

Le français, à quoi ça sert?

« Enfin, le français, à quoi cela sert-il? Cette langue est devenue aussi inutile que le chinois. » Ying Chen, Les Lettres chinoises

Longtemps, les élèves du collégial demandaient : à quoi sert la philosophie? Aujourd’hui, la question devient de plus en plus : le français, à quoi ça sert?

En effet, quelques élèves osent dire tout haut ce que certains pensent plus bas : le français écrit ne sert qu’à obtenir un diplôme. Dans la vie quotidienne et dans la vie au travail, on écrit en abrégé ou en anglais. Pas besoin de connaître à fond le français pour percer dans une carrière et obtenir des emplois lucratifs.

Bien sûr, la piètre qualité du français écrit peut s’avérer un handicap quand l’employeur demande une meilleure maîtrise de la langue. Mais cela arrive bien rarement, sauf dans la fonction publique. Et encore!

Quand les jeunes voient leurs parents travailler, obtenir de bons emplois et affirmer sans arrêt que l’anglais est la seule langue de travail et d’ouverture sur le monde, plusieurs en concluent qu’écrire en français correctement ne sert pas à grand-chose dans la vraie vie.

À l’école, oui, le français est important et omniprésent. Nécessaire afin d'obtenir le diplôme. Mais sur le marché du travail, zéro!

Et dans la culture, les films français sont discrédités, la musique francophone est souvent méprisée et la littérature québécoise oubliée.

Demandez à des jeunes de 17 à 20 ans de nommer cinq cinéastes québécois, ils vous répondront qu'ils n'en connaissent qu'un ou deux. Mais demandez-leur de nommer cinq cinéastes américains, les noms vont pleuvoir. On pourrait entreprendre le même exercice avec les écrivains québécois et les auteurs étrangers, les actrices américaines et les actrices québécoises, etc.

Que répondre à des élèves qui se demandent pourquoi il faut apprendre une langue écrite complexe et difficile alors que l'anglais semble si facile à utiliser et ouvre toutes les portes?

Il devient désolant de constater que plusieurs élèves francophones du collégial obtiennent de meilleurs résultats en anglais qu'en français. Naturellement, ils se tournent vers l'anglais pour se valoriser. « J'ai des notes de 80 % en anglais, mais d'à peine 60 % en français. Pourrais-je vous remettre mon travail en anglais? »

Si le français ne reprend pas ses lettres de noblesse en utilisant tous ses atouts, dont le plaisir de jouer avec une langue écrite riche et vivante, on aura réussi dans les écoles à réaliser ce que Lord Durham n'a pas pu accomplir…