mardi 22 avril 2008

Les maths violentes?

Quand j'ai lu le titre, je me suis dit, tiens, il y a là une erreur. Ça ne se peut pas. On ne peut pas associer des disciplines scolaires aux sexes. Pourtant, le titre était exact. Non seulement était-il exact, mais il renvoyait à une référence majeure : Freud!

En effet, ce serait le père de la psychanalyse qui a associé les mathématiques à la violence. Dans le livre Délire et rêves dans la Gradiva de Jensen, pp 165, Freud affirmerait que les mathématiques sont violentes. Un plus un égale deux. Pas de discussions interminables, pas d'autres options. Les mathématiques, et les sciences dites dures, sont tranchantes. Une seule réponse (on parle des mathématiques traditionnelles), pas d'autres possibilités pour résoudre un problème. Il faut que tout le monde arrive au même résultat. Pour reprendre le titre d'une chanson québécoise, « c'est ça qui est ça ». Point final.

Laurence, qui gère un très beau site internet, ajoute d'ailleurs cette anecdote significative à propos du texte de Freud : « Le passage est très drôle d'ailleurs. Freud se moque de Rousseau qui a cherché à fuir la sexualité par les maths, mais quand il s'est retrouvé avec des problèmes de cylindres, de sections, de corps qui se choquent, il s'est senti cerné et il a pris peur... »

Les mathématiques et les sciences dures ne laisseraient donc pas de place aux nuances, aux discussions, aux impressions. Même si cela est faux, reste la perception que l'école transmet de ces matières. Ce pourrait d'ailleurs être une des raisons qui ferait que les garçons sont davantage attirés par ces disciplines que les filles qui préféreraient, quant à elles, les langues, les arts, les sciences humaines, etc. Le côté draconien des mathématiques et des sciences serait-il l'aspect qui plairait aux garçons qui se retrouvent dans cet univers droit, rigide, où une loi ne se laisse pas interpréter comme une règle de grammaire avec ses multiples exceptions?

Ce n'est qu'un jeu?

Première partie d'une série de cinq.
Ce n’est qu’un jeu! C’est la phrase la plus souvent utilisée par les participants à un jeu de rôle en ligne massivement multijoueurs. Peut-être parce que plusieurs joueurs deviennent complètement obnubilés par l’univers virtuel dans lequel ils évoluent qu’ils en viennent par oublier complètement la réalité au point de ne plus manger ni dormir. Quelques-uns doivent même consulter des professionnels de la santé mentale tellement les impacts de ces simples jeux peuvent ruiner leurs vies physique, psychologique et financière.

En jouant à Everquest, en l’espace de quelques mois, j’ai rencontré virtuellement une fille qui s’était faite violée réellement pendant trois jours et trois nuits par une bande de voyous de la banlieue parisienne, un jeune Marseillais qui s’automutilait et qui avait tenté trois fois de se suicider, une mère et un père découragés par les accès de folie de leur fils, une cinéaste québécoise qui se réfugiait dans le jeu virtuel pour échapper à sa triste réalité de chômeuse, un grand-père australien qui n’avait pas d’autres contacts avec ses petits-enfants qu’en jouant virtuellement avec eux, un jeune couple qui n’avait plus d’autres amis que les personnes avec lesquelles il jouait sur Internet, en plus de plusieurs dépressifs et quelques mythomanes qui se prenaient pour Dieu le Père.

Ce portrait sombre de quelques joueurs invétérés obscurcit pourtant d’autres aspects importants des jeux de rôle massivement multijoueurs qu’on peut facilement mettre à jour en expérimentant un classique du genre : Everquest.

Pourtant, ce n’est qu’un jeu. Vraiment?

J’ai joué à Everquest pendant près d’un an. J’avais trouvé ce jeu par hasard en solde à seulement neuf dollars dans un magasin de produits informatiques. Je n’avais jamais participé à un jeu en ligne massivement multijoueurs auparavant. Je ne savais pas ce que c’était. Je n’étais donc pas prévenu. Au début, je croyais même que les personnages que je côtoyais étaient des êtres numériques munis seulement de l’intelligence artificielle du jeu. Quelle fut ma stupéfaction lorsqu’un des personnages s’adressa directement à moi pour me demander des renseignements personnels!

Je ne le savais pas encore, mais on m’avait épié depuis un moment déjà. On observait ma manière de jouer et, surtout, ma façon d’écrire. Car Everquest, contrairement à d’autres jeux de rôle, n’est pas un jeu d’action proprement dit, mais plutôt un jeu de construction d’un personnage qui va finalement finir par nous ressembler, d’une façon ou de l’autre.