mardi 22 avril 2008

Ce n'est qu'un jeu?

Première partie d'une série de cinq.
Ce n’est qu’un jeu! C’est la phrase la plus souvent utilisée par les participants à un jeu de rôle en ligne massivement multijoueurs. Peut-être parce que plusieurs joueurs deviennent complètement obnubilés par l’univers virtuel dans lequel ils évoluent qu’ils en viennent par oublier complètement la réalité au point de ne plus manger ni dormir. Quelques-uns doivent même consulter des professionnels de la santé mentale tellement les impacts de ces simples jeux peuvent ruiner leurs vies physique, psychologique et financière.

En jouant à Everquest, en l’espace de quelques mois, j’ai rencontré virtuellement une fille qui s’était faite violée réellement pendant trois jours et trois nuits par une bande de voyous de la banlieue parisienne, un jeune Marseillais qui s’automutilait et qui avait tenté trois fois de se suicider, une mère et un père découragés par les accès de folie de leur fils, une cinéaste québécoise qui se réfugiait dans le jeu virtuel pour échapper à sa triste réalité de chômeuse, un grand-père australien qui n’avait pas d’autres contacts avec ses petits-enfants qu’en jouant virtuellement avec eux, un jeune couple qui n’avait plus d’autres amis que les personnes avec lesquelles il jouait sur Internet, en plus de plusieurs dépressifs et quelques mythomanes qui se prenaient pour Dieu le Père.

Ce portrait sombre de quelques joueurs invétérés obscurcit pourtant d’autres aspects importants des jeux de rôle massivement multijoueurs qu’on peut facilement mettre à jour en expérimentant un classique du genre : Everquest.

Pourtant, ce n’est qu’un jeu. Vraiment?

J’ai joué à Everquest pendant près d’un an. J’avais trouvé ce jeu par hasard en solde à seulement neuf dollars dans un magasin de produits informatiques. Je n’avais jamais participé à un jeu en ligne massivement multijoueurs auparavant. Je ne savais pas ce que c’était. Je n’étais donc pas prévenu. Au début, je croyais même que les personnages que je côtoyais étaient des êtres numériques munis seulement de l’intelligence artificielle du jeu. Quelle fut ma stupéfaction lorsqu’un des personnages s’adressa directement à moi pour me demander des renseignements personnels!

Je ne le savais pas encore, mais on m’avait épié depuis un moment déjà. On observait ma manière de jouer et, surtout, ma façon d’écrire. Car Everquest, contrairement à d’autres jeux de rôle, n’est pas un jeu d’action proprement dit, mais plutôt un jeu de construction d’un personnage qui va finalement finir par nous ressembler, d’une façon ou de l’autre.

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