dimanche 11 novembre 2007

Pauvres gars!

Les garçons éprouvent des difficultés d’apprentissage dès le primaire et cela se perpétue tout au long du parcours scolaire. Les retards scolaires, les redoublements, les échecs, les abandons et le décrochage frappent davantage les garçons que les filles, et ce, à tous les niveaux de la scolarisation.

Depuis plusieurs années, on observe et on étudie le problème partout dans le monde. De nombreuses tentatives d’explication et des pistes de solution ont été proposées. Ici et là, des projets expérimentaux ont donné des résultats sur des petits groupes d’élèves. Toutefois, le phénomène global de l’échec des garçons dans le système scolaire reste entier.

Récemment, des études provenant de différents pays explorent un aspect inusité de l’origine des difficultés scolaires des garçons : leurs prédispositions biologiques d’apprentissage. Quelques résultats étonnants convergent vers un même constat : l’acquisition du langage et de la motricité fine se développe plus lentement chez les garçons.

Outre les considérations sociologiques et psychologiques, la structure biologique du cerveau aurait un rôle à jouer majeur dans l’acquisition des premières compétences langagières. Dans ce domaine, les garçons seraient en général désavantagés biologiquement. La maturation de leur cerveau prendrait plus de temps en ce qui a trait au développement de certaines habiletés langagières et de psychomotricité fine.

Les conséquences de ces découvertes récentes, qui se confirment de plus en plus, auront des répercussions majeures sur l’enseignement. On comprend mieux maintenant pourquoi les garçons ont plus de difficultés à écrire correctement dès leur plus jeune âge. Il faudrait alors modifier en profondeur l’approche du système scolaire pour l’adapter à la différenciation biologique dans certaines matières. Il faudrait favoriser d’autres approches de l’enseignement que celui basé sur un modèle unique indifférencié. Il faudrait surtout qu’on soit plus stratégique dans la manière d’aborder l’enseignement de la langue auprès des garçons.

En fait, ce que ces découvertes sur le sexe du cerveau et ses capacités d’apprentissage vont permettre de réaliser, c’est que d’une manière générale on pourrait tenir compte du développement de la maturation biologique dans la façon de concevoir les programmes d’étude pour permettre une plus grande souplesse d’enseignement.

Ainsi serait révolu le temps où on pénalisait systématiquement tous les élèves qui avaient des difficultés d’apprentissage de la langue dès leur entrée dans le système scolaire; ces élèves qui étaient stigmatisés dès leurs premiers contacts avec l’école parce qu’ils n’étaient tout simplement pas biologiquement au même niveau que les autres; ces élèves qui traînaient tout au long de leur parcours ce handicap de l’échec et qui, pour se protéger et se valoriser, rejetaient le monde scolaire.

On comprend aisément que tenir compte des facteurs socio-économiques, psychologiques et maintenant biologiques demandera des efforts inouïs au système d’enseignement et que les nostalgiques du bon vieux temps du par cœur et de la répression, où tout était si simple, auront des haut-le-cœur.

Cependant, pour endiguer les problèmes d’apprentissage qui affectent une grande partie de la population (surtout les garçons, mais aussi des filles), dans un monde où l’éducation sera la matière première de l’économie de demain, les efforts ne seront pas vains.

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