mardi 27 novembre 2007

La tolérance de l'intolérance

Cachez ce visage que je ne saurais voir!

La tolérance serait-elle un aussi grand mal que l’intolérance? et la liberté de conscience est-elle un fléau aussi barbare que les bûchers de l’inquisition? — Voltaire

Que diriez-vous à quelqu’un qui affirmerait qu’il doit vous trancher la gorge pour atteindre son paradis? C’est en paraphrasant Voltaire qu’on prend la mesure des limites à la liberté de religion. Bien sûr, il s’agit là d’une exagération, mais elle a le mérite de mettre en perspective l’impossibilité logique d’accepter l’intolérance au nom de la tolérance.

Permettrait-on toutes les pratiques religieuses qui briment certains droits fondamentaux de la société québécoise et canadienne au nom de la liberté religieuse? Jusqu’où va aller la tolérance de coutumes qui violent des règles fondamentales de notre société égalitaire de droits et libertés?

Le port du turban sikh dans la Gendarmerie royale du Canada, le port du voile islamique à l’école, le port du couteau sacré dans les écoles, la demande de locaux de prière dans les endroits publics, la requête de tribunaux religieux, la polygamie, etc., toutes ces manifestations religieuses publiques heurtent de plein fouet les valeurs d’égalité et les normes à la base même de la société canadienne de droits; valeurs qui devraient être justement véhiculées par les institutions publiques.

Alors, que faire? Accepter les accommodements raisonnables qui se multiplient au nom de la paix sociale et de la tolérance? De ce fait, supporter tacitement des coutumes et des pratiques qui nient les valeurs de base de la société égalitaire de droit?

Tant que ces accommodements raisonnables seront limités et définis dans le temps et l’espace par la Commission des droits de la personne et les tribunaux, au cas par cas, le problème logique de la tolérance de l’intolérance sera circonscrit et viable. Mais si la société se transforme suffisamment et que le nombre de demandes augmente sans cesse, on sera alors confronté à un dilemme : soit on soutient la laïcisation de toutes les institutions publiques au nom des valeurs de base de la société égalitaire de droit, soit on autorise de plus en plus les dérogations de toute sorte à des règles universelles et l’on aboutit à soutenir les inégalités et l’intolérance au nom de la tolérance…

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