lundi 19 novembre 2007

Le jeu des souvenirs alimentaires

Lorsque je mange des radis, je pense à Roquentin de Jean-Paul Sartre. Lorsque j’ingurgite des œufs et du bacon, je me souviens de Henry Miller. Lorsque je déguste des Madeleines, je me remémore vous savez qui…

Mais lorsque je prépare des grilled cheese, je remonte le temps et je me souviens d’un souper mémorable avec les membres du journal étudiant Continuum dans un sous-sol de la rue Édouard-Montpetit de Montréal. Michel Marois, actuellement directeur des cahiers spéciaux à La Presse, cuisinait les grilled cheese en faisant frire des oignons et des champignons dans son unique poêle, avant d’insérer le tout, avec du fromage, entre deux tranches de pain. Pour toujours, les grilled cheese sont ainsi associés dans ma mémoire à une personne et à un événement.

C’est la même chose lorsque je touille une salade niçoise, je pense alors à Marcel Jean qui m’avait fait découvrir ce met succulent et simple à la fois. Le porto est associé à un ancien propriétaire portugais qui en fabriquait et en buvait en mangeant des pistaches. Ainsi de suite pour un ensemble de plats et de nourritures terrestres.

Proust avait raison sur ce point : les sensations restent associées à des événements ou à des personnes à travers le temps qui ne s’évanouit pas. Avez-vous vous aussi des souvenirs culinaires qui vous font revivre dans le présent ce « passé qui ne passe pas », comme l’affirmait Faulkner?

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