samedi 7 mars 2009

Le complexe de l'imposteur

J'ai toujours l'impression d'être un imposteur, quelqu'un qui n'est pas à sa place et qui usurpe l'identité que les autres lui accordent.

Ainsi, je suis souvent perçu comme un bon rédacteur. Pourtant, je ne trouve pas que j'écris bien, surtout lorsque je me compare à d'autres blogueurs ou journalistes.

J'envie ceux qui ont des certitudes sur leurs talents. Quand je parle devant une assemblée, il est certain que je vais balbutier ou bégayer. Comme Jean-Jacques Rousseau, auquel je ne me compare aucunement, je perds tous mes moyens devant le regard des autres.

Pourtant, de l'extérieur, plusieurs personnes pourraient penser que j'ai été reconnu souvent dans le passé pour un certain talent d'écriture. Il est vrai que Robert Lévesque m'a engagé en 1986 au Devoir après avoir lu mes articles dans le Contiuum, le journal des étudiantes et des étudiants de l'Université de Montréal. Jean V. Dufresne m'a par la suite offert de tenir quelques chroniques dans Le Plaisir des livres qu'on lançait à l'époque. Par la suite, Jacques Godbout m'a proposé quelques projets d'écriture pour sa maison d'édition Boréal, dont une biographie de Michel Chartrand que je n'ai jamais complétée, à la suite de quelques rencontres avec le coloré syndicaliste.

Sur le plan académique aussi, je devrais me sentir blindé. Lors de l'acceptation de mon mémoire de maîtrise en philosophie, par exemple, on a tenu à souligner la qualité exceptionnelle de l'écriture du document.

Plusieurs années plus tard, c'est André Pratte, l'éditorialiste en chef de La Presse, qui m'a proposé d'écrire une chronique mensuelle pour le quotidien. J'avais remporté trois fois en un peu plus d'un an le titre de la lettre de la semaine des pages Forum.

Finalement, c'est la direction du Collège où j'enseigne maintenant qui m'offre d'écrire des rapports d'évaluation et des programmes pour l'établissement.

Normalement, je devrais être au moins sûr d'une chose : j'écris assez bien pour me faire remarquer et engager dans des projets de rédaction importants.

Néanmoins, le doute persiste. J'écris mal et personne ne s'en aperçoit. Cette phrase est comme un mal de dents lancinant qui taraude l'esprit. Peut-être est-ce cela qui me tient en alerte et me permet d'écrire sans trop me prendre au sérieux?

Reste que j'envie réellement ceux qui sont capables de parler en public sans une onze de gêne, qui rabrouent ceux qui n'écoutent pas lorsqu'ils parlent, qui écrivent sans crainte et qui sont sûrs de leurs capacités.

Le pire, c'est que plus je vieillis, moins je me sens en confiance. Je suis comme Ponce qui écrivait dans Méthode, si je me souviens bien, qu'il donnait toujours raison aux autres aussitôt que l'on objectait quelque chose à ce qu'il disait ou écrivait.

Mettons que j'ai tort et que je n'ai rien dit…

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