samedi 14 mars 2009

Un devoir de mémoire

Je viens de voir Polytechnique de Denis Villeneuve. C'est un éloge funèbre sobre, tout en retenue, qui ne tombe pas dans le drame outrancier, ni dans le pathos, ni ne dérive vers une tentative d'explication psychologisante. Il s'agit simplement d'un rappel d'une tragédie qui n'aurait jamais dû avoir lieu, comme tous les drames impliquant des innocents. On devrait écrire en premier lieu des innocentes, car les victimes ont été principalement des femmes, justement parce qu'elles étaient du sexe féminin, donc des cibles pour le forcené.
En toute pertinence, le début du long métrage rappelle la lettre écrite par Marc Lépine juste avant le massacre. Dans cette lettre, qu'on peut trouver un peu partout sur Internet, le tueur s'en prend au féminisme et nomme 19 femmes célèbres qui l'ont échappé belle, parce qu'il n'aura pas eu le temps d'accomplir ses sombres desseins.
Évidemment, la tuerie est le résultat d'un geste fou, d'un amalgame de facteurs divers (le discours antiféministe ambiant, les expériences passées de violence familiale du tueur, les échecs nombreux qui se succédaient dans sa vie professionnelle et amoureuse, etc.) qui ont pris corps dans le cerveau de Lépine. En fait, ces éléments divers ont fait sauter une marmite où bouillonnait du ressentiment envers le monde en général et les femmes en particulier.
Le propos essentiel du film consiste donc en un devoir de mémoire, car on doit se rappeler les victimes directes (les 14 femmes tuées) et indirectes (tous les témoins de près ou de loin, comme les gars qui ont croisé Lépine à Polytechnique) de cette tuerie, ne serait-ce que pour conjurer le sort. En espérant qu'il n'y ait jamais de prochaine fois.

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