samedi 12 janvier 2008

Ah! les jeunes

En 2002, j'avais publié un article sur les jeunes dans Le Devoir qui avait fait beaucoup jaser dans les chaumières. Je récidive aujourd'hui, car depuis ce temps, plusieurs choses ont changé.
Les lecteurs MP3, les cellulaires et les ordinateurs portables sont devenus monnaie courante pour des jeunes qui n'ont pas connu le monde sans Internet. Internet lui-même s'est radicalement transformé et est devenu fortement interactif depuis que le Web 2 (les Wikis, les podcasts, les blogues, etc.) a pris la place des sites plus classiques de diffusion unidirectionnelle de l'information.
Le monde de l'électronique a envahi l'univers des enfants dès le berceau. Le multitâche, l'interaction et le réseautage social remplacent désormais les repères des générations précédentes. Le mode de perception et de compréhension des jeunes diffère de celui des générations qui les ont précédés. Tout cela a un impact immense dans le malaise que certaines personnes ressentent devant les attitudes et les comportements des jeunes d'aujourd'hui.
Cette transformation en profondeur de la société qui a cours actuellement a également un impact immense dans le monde de l'éducation. Comment les professeurs peuvent-ils influencer des jeunes qui sont constamment sollicités et surexcités par le monde multimédia dans lequel ils évoluent quotidiennement depuis leur naissance? Comment capter l'attention des jeunes qui vivent littéralement parmi les images et les sons?
Pourtant, l'inattendu se produit immanquablement en classe. La très grande majorité des élèves que je côtoie depuis plusieurs années réussissent mieux maintenant que les jeunes qui les ont précédés. Bien sûr, il y a le problème des cellulaires qui dérangent en classe même s'ils sont interdits (comme au théâtre, soit dit en passant); bien sûr, il y a le problème du copier-coller qui prend de l'ampleur pour les travaux réalisés à la maison; bien sûr, il y a le problème de l'accès à Internet qui bloque toute autre forme de recherche pour certains élèves; bien sûr, il y a le problème du manque de concentration lors de longs développements en classe; bien sûr, il y a le problème de la lecture et de l'écriture qui touche quelques jeunes; bien sûr, il y a le problème de l'insomnie dû à de trop longues parties de jeux vidéo tard dans la nuit; etc. On pourrait continuer longtemps cette litanie de reproches à l'égard des impacts des nouvelles technologies.
Pourtant, dans les classes, en général les élèves sont polis. En plus, ils démontrent de l'enthousiasme et ils sont ouverts d'esprit. Finalement, cerise sur le sundae, la plupart écrivent bien. Comment est-ce possible? Après tout, ne vivent-ils pas dans des familles dysfonctionnelles ou reconstituées, d'après les médias? Ne sont-ils pas constamment braqués devant leurs écrans de toutes sortes? N'écoutent-ils pas de la musique à tue-tête continuellement? Eh bien, non!
Les élèves que j'ai eus la session dernière étudiaient tous en sciences humaines au Collège Lionel-Groulx et ils étaient tous, à l'exception de deux ou trois, intéressés par la matière obligatoire que j'enseigne, la philosophie. De plus, ils étaient tous intéressants à plusieurs égards. Et ils en connaissaient beaucoup plus que moi dans bien des domaines, autant en arts (cinéma et musique) qu'en histoire ou en politique. Il suffit de leur donner la parole en classe pour s'en rendre compte. Leur donnons-nous suffisamment la parole?

1 commentaire:

Renart Léveillé a dit…

Très intéressant à savoir. Ça change du négativisme ambiant par rapport aux jeunes.

En passant, j'ai fait mes études collégiales au cégep Lionel-Groulx, de 1989 à 1992. Je compte retourner vivre dans le coin dans la prochaine année. Ma famille est toujours là, alors je veux me rapprocher.